Nourrir 9 milliards d'humains : le défi de demain

Une population qui augmente et une demande alimentaire qui évolue
La population mondiale est en constante augmentation : il y a 80 millions de naissances par an et le taux de natalité est d’autant plus élevé dans les pays les plus pauvres. L’espérance de vie augmente, notamment dans ces pays, car le taux de mortalité infantile diminue. Nous sommes aujourd’hui 7 milliards d’habitants sur Terre. Selon les démographes, nous serons 9 milliards en 2050.
Une hausse du niveau de vie associée à un changement des habitudes alimentaires
Dans les pays en développement (ou à faibles revenus et à revenus intermédiaires), on observe une hausse des niveaux de vie associée à un changement des habitudes alimentaires. La population ayant pour exemple le modèle occidental, modifie progressivement sa consommation alimentaire. Les achats de viande, de protéines d’origine animale, de produits transformés augmentent dans les pays dans lesquels le niveau de vie s’élève.
Cependant, ces évolutions alimentaires ne sont pas sans conséquence. Pour produire 1 calorie de viande blanche, il faut 3 calories végétales et pour de la viande rouge, il y a besoin de 7 calories végétales. Le changement des habitudes alimentaires renforce la pression sur les ressources disponibles (terres, intrants, pollution etc.) et accentue les effets du changement climatique.
Moins de terres cultivables
L’urbanisation croissante (les villes s’étendent de plus en plus) représente la première cause de la diminution des terres cultivables. Aujourd’hui, selon l'Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 55% de la population mondiale vit en zone urbaine et ce nombre continue de croitre. Et pourtant, la production agricole mondiale devrait progresser de 1,4% par an pour répondre aux besoins alimentaires et non alimentaires de la population.
Par ailleurs, le dérèglement climatique a des conséquences déjà visibles. Les phénomènes climatiques extrêmes comme les tempêtes et ouragans sont de plus en plus fréquents ; les températures augmentent et les précipitations sont de plus en plus irrégulières. Certaines régions connaissent une sécheresse qui rend la terre difficilement cultivable et les déserts s’étendent de façon irréversible (c’est ce que l’on appelle la désertification). D’autres régions connaissent des périodes de pluies de plus en plus intenses causant des inondations, et détruisant les terres cultivées.
Le réchauffement planétaire entraîne également la fonte des glaciers et une augmentation du volume des océans. Cela a pour conséquence l’élévation du niveau de la mer, réduisant un peu plus la quantité de terres cultivables.
Dans le monde, on observe une très forte dégradation de la qualité des sols depuis l’intensification de l’agriculture. Ces derniers sont menacés par de multiples dégradations physiques, chimiques et biologiques (déforestation, agriculture, pollutions industrielles…). Pour faire face aux enjeux agricoles dans un contexte d’artificialisation et d’appauvrissement des terres cultivables, la conservation des sols devient un défi majeur à l’échelle planétaire.
Toutefois, des études montrent qu’une part significative de terres cultivables ne sont pas actuellement exploitées, notamment en Afrique centrale et en Amérique du Sud.
C’est donc davantage la répartition de ces terres (et donc des productions) par rapport aux populations qui risque de poser problème, plus que la ressource elle-même.
Un système de production qui montre aujourd’hui ses limites
L’agriculture productiviste (ou intensive) est apparue dans la seconde moitié du XXe siècle, aux États-Unis, puis s’est étendue aux pays du nord. L’objectif était d’augmenter la productivité et les rendements grâce à la mécanisation de l’agriculture, à l’usage d’intrants (pesticides, engrais...) et à la sélection végétale et animale (utilisation d’OGM : organismes génétiquement modifiés).
Mais ce système de production a ses limites. Les impacts qu’il génère sur l’environnement et parfois sur la santé humaine ne sont pas soutenables dans la durée et mettent en danger la capacité future des écosystèmes à produire (conséquences du dérèglement climatique, de la chute de la biodiversité…).
Un système qui nécessite beaucoup d’eau et susceptible de la polluer
Dans ce système, le cycle de l’eau est modifié de manière importante. L’eau est aussi indispensable pour boire que pour manger. En fonction du régime alimentaire, la quantité d’eau nécessaire pour nourrir une personne ne sera pas identique. En effet, produire un kilogramme d’un produit carné requière davantage d’eau qu’un produit végétal.
Or, l’eau douce ne représente que 2,5 % des ressources mondiales d’eau (le reste est salé). Les deux tiers de l’eau douce sont sous forme de glace. Il nous reste donc 1 % de l’eau présente sur la planète pour nos activités agricoles, industrielles et nos besoins domestiques.
Dans le monde, l’agriculture consomme 70 % de cette eau douce disponible, dont le cycle naturel est alors modifié. L’agriculture productiviste est basée sur une irrigation importante, allant parfois puiser dans des nappes phréatiques qui ont mis des millions d’années à se constituer.
En plus de cela, les sécheresses plus fréquentes, la désertification et la croissance importante de la population expliquent que l’eau potable devient une denrée de plus en plus rare (plus de personnes doivent se partager la même quantité d’eau).
Cependant, l’eau douce étant très inégalement répartie sur la planète : le problème de l’accès à l’eau ne se posera donc pas de la même façon en fonction des pays.
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Avec l’utilisation d’engrais de synthèse, de pesticides, d’insecticides pour améliorer la productivité, l’agriculture intensive et l’élevage ont participé à l’augmentation de la pollution des eaux. Aujourd’hui, on trouve des pesticides dans 75 % des eaux de surface et 57 % des eaux souterraines. Des résidus de pesticides se retrouvent également dans les eaux de pluie.
En France, 90 % des cours d’eau témoignent de la présence d’au moins un pesticide et 63 % dépassent la norme d’eau potable de 0,1 µg/l. Quant aux eaux souterraines, 31% des valeurs relevées dépassent les règlementations sur le territoire national selon le Commissariat général au développement durable.
La disponibilité en eau pour irriguer certaines terres est un enjeu important pour nourrir l’humanité. La majorité des terres agricoles nécessite d’un apport en eau régulier, souvent par l’irrigation, pour assurer le développement des semences et d’une bonne récolte. Or avec le changement climatique la ressource et l’accès en eau sont de plus en plus fragiles, il va donc falloir produire plus en utilisant beaucoup moins d’eau.
Un système qui a misé sur l’abondance du pétrole
La mécanisation de l’agriculture est un des éléments qui a permis d’augmenter la productivité depuis la moitié du XXe siècle. Mais pour faire fonctionner les tracteurs, moissonneuses-batteuses, chauffer les serres et les bâtiments d’élevage, il faut de l’énergie. Nous utilisons également beaucoup d’énergie pour fabriquer des engrais azotés qui sont largement utilisés dans l’agriculture, on parle de fertilisation minérale.
Aujourd’hui, cette énergie est essentiellement fournie par le pétrole. Or, cette ressource s’épuise et son extraction favorise le dérèglement climatique.
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Des modes de consommation des pays riches demandant beaucoup de ressources et d’énergie
Les habitudes alimentaires des populations des pays riches demandent beaucoup de ressources et consomment beaucoup d’énergie.
En France, notre alimentation a fortement évolué depuis 50 ans. Or ces évolutions des modes d’alimentation, s’ils sont en général synonymes de meilleure croissance et meilleure santé, ne sont pas sans impact sur l’environnement.
Dans nos sociétés occidentales favorisées par la mondialisation, nous sommes également habitués à pouvoir consommer tous les types d’aliments tout le temps, quelle que soit leur provenance, ce qui a des impacts sur l’environnement (principalement par les émissions de gaz à effet de serre).
Prenons l’exemple des fruits et légumes. Hors saison, les fruits et légumes ont dû pousser sous des serres chauffées ou être importés de loin par bateau ou par avion. Transportés par voie aérienne, ils consomment alors 10 à 20 fois plus de pétrole que le même fruit ou légume produit localement en saison.
De plus l’augmentation de la consommation de viande et des produits animaux, qui présentent les plus fortes émissions de gaz à effet de serre par kilogramme d’aliment, est aujourd’hui corrélée à la forte progression de maladies cardio-vasculaires et d’obésité dans le monde. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 1,9 milliard d’adultes sont en surpoids et plus de 650 millions sont obèses.
Lire la transcription détaillée de l’infographie « Émissions de GES en t/eq CO2/an »