Une mode qui va trop vite
Le terme fast fashion, ou mode express, désigne un modèle de production et de consommation de vêtements, chaussures et accessoires fondé sur la rapidité, le volume et les prix bas. Le principe est de renouveler sans cesse les collections pour inciter à acheter toujours plus. Certaines enseignes produisent des centaines de nouveaux modèles de vêtements par jour.
Depuis quelques années, cette activité s’accélère encore avec l’ultra fast-fashion. Des plateformes mettent en ligne des milliers de nouveaux modèles tous les jours, parfois vendus à quelques centimes seulement.
45 %
des Français disent s’approvisionner dans des enseignes de fast fashion
24 %
achètent sur des plateformes en ligne d’ultra-fast fashion
Source : ADEME, Analyse des pratiques liées aux achats de produits d’habillement, 2025
Des conditions de travail difficiles pour les ouvriers du textile
Pour produire des milliers de modèles par jour et les vendre à des prix très bas, l’ultra fast fashion s’appuie sur une main-d’œuvre qui travaille dans des conditions très difficiles, principalement dans des pays à faibles coûts de production comme en Chine ou au Bangladesh.
Les ouvriers peuvent être exposés à des polluants au moment de la fabrication des vêtements. En effet, pour traiter les fils, teindre les vêtements, délaver les jeans, etc., plusieurs produits dangereux pour la santé et l’environnement peuvent être utilisés.
Ces produits nocifs ne menacent pas seulement les travailleurs. Ils peuvent aussi entrer en contact avec notre peau à travers les vêtements que nous portons. C’est pourquoi il faut toujours laver les vêtements neufs avant de les porter.
Des pressions insoutenables sur l’environnement
En Europe, la consommation textile est aujourd’hui la 4ᵉ source de pression environnementale, juste après l’alimentation, le logement et les transports. Source : Parlement européen
La fabrication des vêtements d’ultra fast fashion mobilise d’énormes quantités de ressources et génère d’importantes pollutions. La culture du coton, par exemple, nécessite beaucoup d’eau, d’engrais et de pesticides. Les champs de coton sont parfois exploités dans des régions où l’eau n’est pas disponible en quantité suffisante pour répondre à la fois aux besoins de la population et aux besoins d’irrigation des champs.
Pour aller plus loin
Infographie – L’empreinte eau d’un jean
Découvrez, à travers cette infographie, l’empreinte eau d’un jean et les enjeux environnementaux liés à sa production.
Infographie – L’empreinte eau d’un T-shirt
Découvrez, à travers cette infographie, l’empreinte eau, d’un jean et les enjeux environnementaux liés à sa production.
Le polyester, très utilisé pour produire les vêtements de l’ultra fast fashion, est un dérivé du pétrole fabriqué avec des produits chimiques toxiques. Lors de la fabrication des vêtements dans des pays qui n’ont pas développé un système performant de traitement des eaux usées, ces polluants se trouvent rejetés dans la nature.
De plus, à chaque lavage, les vêtements en fibres synthétiques libèrent davantage de microplastiques qui polluent les rivières, les océans et les sols.
La composition complexe des vêtements, couplée à un nombre insuffisant de sites industriels de recyclage en France pour répondre à la demande, rend leur recyclage difficile : seuls 1 % des textiles usagés sont recyclés en nouveaux vêtements. Sources : ADEME, Parlement européen
Enfin, la majorité de ces vêtements, fabriqués à l’autre bout du monde, sont ensuite transportés sur des milliers de kilomètres avant d’arriver dans nos placards. Ce voyage s’effectue habituellement par bateau mais dans le cas de la fast fashion et de l’ultra fast fashion, le transport se fait parfois en avion pour que les nouvelles collections soient rapidement livrées aux consommateurs.
Le saviez-vous ?
Le secteur textile est responsable de 4 à 8 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, soit autant (voire plus) que l’aviation.
Source : ADEME
Une incitation permanente à l’achat « coup de cœur » et « bon plan »
En plus des prix cassés, l’ultra fast fashion s’appuie sur des leviers psychologiques efficaces. Promotions permanentes, nouveautés quotidiennes, influenceurs enthousiastes sur les réseaux sociaux… Tout est pensé pour créer un réflexe d’achat, même quand le besoin réel n’existe pas.
Et cela fonctionne. En moyenne, chaque Français possède 175 vêtements dans son placard. Plus de la moitié de ces vêtements ne sont jamais portés, et 120 millions de pièces dorment ainsi, quasi neuves, dans les armoires françaises. Source : ADEME, Analyse des pratiques liées aux achats de produits d’habillement, 2025
Cet achat très fréquent de vêtements est renforcé par la mauvaise qualité des vêtements produits : coutures fragiles, imprimés qui s’effacent, tissus qui boulochent ou rétrécissent au lavage… Des vêtements de basse qualité s’usent vite sans avoir été beaucoup portés.
Bon à savoir
Face aux impacts de l’ultra fast fashion, la France se mobilise : une proposition de loi « anti-fast fashion » a été adoptée à l’unanimité à l’Assemblée en mars 2024 puis au Sénat en juin 2025. Elle prévoit des restrictions publicitaires et des sanctions financières pour les marques polluantes et des aides pour les plus vertueuses.
Alors on fait quoi avec l’ultra fast fashion ?
Faire le point sur ce que l’on possède déjà
Avant de songer à un nouvel achat, pourquoi ne pas réaliser un inventaire : combien de vêtements avez-vous ? Sont-ils adaptés aux saisons ? Les portez-vous réellement ?
Beaucoup d’entre nous sous-estiment largement la quantité de vêtements dans leur placard. Vous pouvez faire ce test pour vous aider : estimez combien de vêtements vous possédez, puis comptez les réellement. La différence risque de vous surprendre !
Se poser les bonnes questions avant d’acheter
Pour chaque nouveau vêtement envisagé, quelques questions à se poser pour ne rien regretter :
- En ai-je vraiment besoin ?
- N’ai-je pas déjà une pièce similaire ?
- En cas de vêtement abimé, puis-je le réparer ? Il existe des bonus réparation pour financer ce travail si vous ne savez pas coudre !
- Est-ce un besoin ponctuel, comme une tenue pour un mariage ? Si oui, pourquoi ne pas envisager la location ou l’emprunt ?
Eviter les vêtements, chaussures et accessoires de l’ultra fast fashion
Il existe des alternatives ! Les vêtements de seconde main par exemple sont non seulement bon marché mais contribuent également à la préservation des ressources. Les produits neufs porteurs de labels environnementaux peuvent également garantir que leur durée de vie sera plus longue.
Acheter des vêtements que l’on aime vraiment
Un vêtement durable, c’est un vêtement que l’on aime porter longtemps. Choisissez des pièces qui vous ressemblent, dans lesquelles vous vous sentez bien, faciles à associer avec le reste de votre garde-robe.
Pour aller plus loin
Article – Passer à la mode éthique
Cet article vous accompagne pour adopter une mode plus éthique, responsable et respectueuse de la planète.
Article – Que faire de ses vieux vêtements ?
Découvrez les bons gestes pour leur donner une seconde vie, réduire les déchets et préserver les ressources naturelles.
Article – Pollution industrie textile
Découvrez comment l’industrie textile pollue à chaque étape : de la fabrication à l’usage, jusqu’à la fin de vie des vêtements.
Article – Mode éthique responsable
Découvrez une sélection de podcasts qui abordent les enjeux environnementaux et les droits humains dans la mode.