L’artificialisation des sols : qu’est-ce que c’est ?
On parle d’artificialisation des sols quand des espaces naturels, comme des forêts, des prairies, sont transformés par les êtres humains pour y cultiver des aliments et pour y construire des infrastructures (logements, routes, commerces, etc.).
Cela a de lourdes conséquences pour les écosystèmes, le climat, les grands cycles naturels (eau, carbone…) et nos espaces de vie.
Le saviez-vous ?
Chaque année, la France perd 20 000 à 30 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers sous la pression des activités humaines. Source : Site – Vie Publique
46 %
des sols sont artificialisés par la construction de logements individuels
16 %
des sols sont artificialisés par les réseaux routiers
Source : Cour des Comptes
Une menace pour la biodiversité
Quand on artificialise et imperméabilise un sol, on détruit les habitats naturels de nombreuses espèces et on les prive de nourriture. Par exemple, en transformant une prairie en parking, on rend le sol inhabitable pour des petits organismes vivant dans le sol (vers de terre par exemple) ; on réduit ainsi la nourriture disponible pour les oiseaux : c’est donc toute la chaine alimentaire qui est affectée.
Bon à savoir
Un sol non artificialisé est un écosystème qui accueille beaucoup d’organismes vivants. Il abrite près de 60 % de la biodiversité terrestre. Par exemple, un mètre carré de sol forestier peut contenir plus de 1 000 espèces d’invertébrés.
Même si l’habitat n’est pas complètement détruit, il peut être réduit ou fragmenté. Par exemple, les routes coupent des zones naturelles en deux, empêchant les animaux de se déplacer, de trouver de la nourriture, de se protéger ou de se reproduire.
De plus, l’artificialisation apporte des nuisances comme la pollution sonore, la pollution lumineuse (les lumières des villes qui perturbent la faune la nuit). Ces nuisances altèrent encore davantage les conditions de vie de nombreuses espèces.
Un accélérateur du réchauffement climatique
Lorsque l’on artificialise des sols, on supprime des surfaces végétales qui absorbent et stockent du carbone. De plus, artificialiser un sol nécessite souvent de remuer le sol, ce qui accélère la minéralisation de la matière organique, et donc l’émission de gaz à effet de serre.
Entre
1,5 et 2,4
milliers de milliards de tonnes de carbone stockées dans les sols et les végétaux dans le monde
2 à 3 fois
plus de carbone stocké dans les sols que dans l’atmosphère
Les sols naturels jouent, en effet, un rôle crucial dans la régulation du climat. Ils absorbent et stockent du carbone. Ils aident donc à limiter le réchauffement de la planète. Mais, un sol artificialisé par des bâtiments ou des routes n’a plus cette capacité.
Pour en savoir plus sur le rôle des sols : Guide – Mieux préserver les sols en 10 questions
Des risques accrus d’inondation
Les sols naturels, comme les prairies et les forêts, absorbent l’eau de pluie et régulent les écoulements. Mais, quand on artificialise un terrain (imperméabilisation avec du bitume, tassement, décapage…), l’eau ne peut plus s’y infiltrer ni y être retenue. Résultat : en cas de fortes pluies, l’eau ruisselle. Elle peut alors augmenter rapidement le niveau des cours d’eau ou s’accumuler dans des endroits en cuvette. Cela peut provoquer des inondations avec des conséquences dramatiques pour les populations résidant dans des zones inondables. Sur des sols tassés, mais non imperméabilisés, cela contribue aussi fortement à accentuer l’érosion de ces sols (une perte nette du sol).
Cette érosion, sur des terrains en pente peut emporter avec elle de la boue et des pierres entraînant des dégâts importants sur les infrastructures (routes, ponts…) et les habitations.
Une source d’inconfort en ville
Les surfaces minérales (pierre, béton…) absorbent et stockent davantage la chaleur que les surfaces végétales.
En été, cela peut rendre la vie en ville très difficile. La chaleur stockée dans la journée dans les murs des bâtiments et les sols bitumés est restituée la nuit. Conséquence : impossible de bénéficier de la fraîcheur de l’air nocturne. C’est pour cela qu’on dit que la ville devient un îlot de chaleur.
La végétation permet de rafraichir l’air grâce à l’évapotranspiration des arbres. De plus, les végétaux font de l’ombre sur les surfaces minérales et empêchent ainsi ces surfaces de trop se réchauffer dans la journée.
On peut observer une différence de plus de 10 °C entre la température nocturne en ville et à la campagne.
1 arbre
mature
c’est l’équivalent de 5 climatiseurs
Pour découvrir les villes les plus exposées aux îlots de chaleur : Article Météo – Qu’est-ce que l’ilot de chaleur urbain ?
Des tensions entre espaces naturels et artificiels
Depuis le milieu du XXᵉ siècle, l’étalement urbain n’a pas cessé de progresser, limitant la surface disponible pour les espaces naturels, l’agriculture et l’élevage. L’étalement urbain a été favorisé par l’augmentation de la population ainsi que du prix des loyers et des logements en centre-ville, éloignant les populations les moins favorisées toujours plus loin en périphéries des villes.
Aujourd’hui, les pouvoirs publics ont décidé de réduire l’artificialisation des sols. L’aménagement des territoires est repensé pour laisser une place plus importante aux surfaces végétales (désimperméabilisation des sols en ville par exemple), aux espaces naturels et aux espaces agricoles.
Un objectif : zéro artificialisation nette d’ici à 2050
La loi Climat et Résilience, portée par la Convention citoyenne pour le climat, fixe des objectifs pour limiter l’artificialisation des sols. L’un des grands objectifs est de réduire de moitié le rythme de cette artificialisation d’ici à 2030, par rapport aux années précédentes. À plus long terme, d’ici à 2050, l’objectif est d’atteindre la zéro artificialisation nette.
Bon à savoir
D’ici à 2050, pour chaque mètre carré de sol bétonné, il faudra réhabiliter ou renaturer un mètre carré de terrain dégradé.
Réutiliser des espaces déjà artificialisés
Par exemple, au lieu de construire sur des terres agricoles, il est possible de réhabiliter des friches industrielles ou commerciales, des bâtiments vacants ou des quartiers déjà urbanisés pour construire de nouveaux bâtiments. Cela permet de redonner vie à des espaces existants sans empiéter sur la nature.
Renaturer les sols
Il est possible, par exemple, de créer davantage de parcs, de jardins ou de zones humides en ville pour favoriser la biodiversité, apporter de la fraîcheur en été et permettre à l’eau de s’infiltrer plus facilement dans le sol.
La fresque du Sol
Découvrez un outil ludique et collaboratif qui vise à diffuser un langage commun sur le fonctionnement des sols et sur les enjeux liés à leur préservation.
Quiz : Le Zéro Artificialisation Nette (ZAN) en 20 questions
Un quiz pour tester vos connaissances sur les sols et l’objectif de Zéro Artificialisation Nette.
Pour aller plus loin
Site – Remonter le temps
Pour remonter le temps et observer l’évolution du territoire (et l’artificialisation des sols) autour de vous.
Article – Le rôle des sols dans la lutte contre le changement climatique
Le rôle des sols dans la lutte contre le changement climatique.
Vidéo – La vie des sols, les propriétés essentielles
À travers une série d’expériences ludiques, découvrez que sous nos pieds vit un nombre incroyablement varié d’êtres vivants. Apprendre à protéger cet écosystème est si précieux.
BD – Planetman est tout sol
Les sols jouent un rôle crucial pour l’équilibre climatique. Planetman nous explique comment prendre soin de nos sols et de notre climat.